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DANCING FEET!
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DANCING FEET!
13 novembre 2008

About a son

76_afficheMardi 11 novembre 2008 était diffusé en avant-première au Cinéma Le latina, à Paris, le film-évènement About a son, récit autobiographique de la vie de Kurt Cobain, leader de Nirvana, groupe de grunge des années 1990. Curieusement, trente minutes avant la séance, les fans ne se bousculaient pas au portillon, certainement par manque de communication autour de la soirée. La petite salle rassemblait trentenaires de la décennie grunge ainsi que teenagers, génération « rock is not dead »oblige.

Le film, entièrement narré par le guitar hero lui-même, a été réalisé par A.J. Schnack, grâce aux 25 heures d’interviews de l’icône grunge, possédées par le journaliste rock Michael Azerrad : « Le film parle de la conception du monde et de la musique qu’avait Kurt ». C’est grâce à ces mêmes enregistrements, que Michael Azerrad a écrit, en 1993, la biographie officielle de Kurt Cobain, à sa demande, intitulée Come as You Are: The Story of Nirvana.

En 95 minutes, le spectateur se replonge dans la vie du songwriter torturé, oubliant presque qu’il a quitté ce monde qu’il ne supportait plus, il y a 14 ans déjà.  « Etre une rock star faisait partie de sa conception de la vie. Le conflit est une grande part de sa vie artistique. Sa vie l’a mis en relation avec des icônes punk rock qui lui ont fait changer sa perception de la musique et de la célébrité.», explique Michael Azerrad. Plans multicolores et vues de la petite ville grisâtre d’Aberdeen, ou Kurt Cobain a passé son enfance, alternent avec une succession de visages de femmes, d’hommes, d’enfants, d’adultes, et de vieilles femmes.

Ce trésor cinématographique, relique sacrée des fans pleurant sa mort 14 ans après, invite le spectateur à entrer dans l’intimité du chanteur. D’après A.J., « l’intimité se trouve dans les enregistrements eux-mêmes. C’est une conversation entre amis. » Michael Azerrad confie : « J’ai voulu en faire un portrait intime, montrer les démons affrontés, et non pas l’espèce de mythe créé autour de lui. Cette intimité est rendue par A.J. »Kurt Cobain y révèle la relation conflictuelle entretenue avec Krist Novoselic, bassiste de Nirvana, et défend tendrement sa femme Courtney Love, dont il a eu une fille, Frances, apparaissant sur les photos en noir et blanc, à la fin du film.

Par ce long-métrage, le journaliste a voulu effacer l’image de monstre solitaire et incompris créée autour du personnage de Kurt Cobain, et faire oublier les rumeurs qui ont couru après sa mort, selon lesquelles il aurait été assassiné par sa femme, Courtney Love.  « Mon neveu, qui avait 12 ans quand il a commencé à écouter Nirvana, avait une perception erronée de la personnalité de Kurt, biaisée par la controverse suite à sa mort sur la question de savoir s’il avait été assassiné, qui l’avait tué. J’ai voulu rétablir la vérité. »

Le film est témoin de la réelle amitié entre le journaliste et l’artiste. « J’avais ces enregistrements chez moi depuis une douzaine d’année. Je ne les avais pas réécoutés depuis la mort de Kurt. J’ai ressenti beaucoup de tristesse à ce moment-là, je n’avais pas envie de parler de ces enregistrements à qui que ce soit. J’ai longtemps pensé que je ne serais plus capable de les écouter, car j’étais triste d’avoir perdu un ami. » La première rencontre du journaliste de Rolling Stones avec le pionnier du grunge l’a immédiatement bouleversé : « Rolling Stones m’a demandé d’écrire un article intitulé « dans le cœur et l’esprit de Nirvana ». J’y ai raconté l’enfance de Kurt et comment celle-ci s’exprimait dans sa musique. Il  a beaucoup apprécié le fait qu’il y ait un sens profond. Au début, nous faisions les interviews dans des hôtels. Puis, au fur et à mesure, nous avons réalisé la plupart de celles-ci assis à la table de la cuisine de Kurt. La première image du film montre ce que l’on voyait de la fenêtre, à l’aube, lors de chaque enregistrement : le jour se levait, et les premiers avions se posaient sur le lac Washington. Avant la première rencontre avec Kurt, j’étais très angoissé. Comme tout le monde, j’avais l’image d’une star du rock qui criait, cassait ses guitares. Mais, au moment où il a ouvert la bouche, je me suis tout de suite dit : « je connais ce type ». Il ressemblait finalement à beaucoup de gens que j’avais rencontré, et il était aussi un peu comme moi. C’était en 1992, et il était déjà entrain de devenir une icône. J’avais peur qu’il soit violent, défoncé. Lui aussi était angoissé. Ces personnes que l’on rencontre, à qui l’on prête une dimension de demi-dieu, ne sont que des gens comme toi et moi, qui se lavent le matin, et prennent leur petit déjeuner, comme tout le monde ».

Le film, plus qu’un hommage, est une manière de faire revivre le chanteur au comportement autodestructeur, comme l’exprime le réalisateur, A.J. Schnack. Pour lui, ce qui a été le plus dur, c’est le choix des chansons qui accompagne les images. «  Etre capable de traiter cette interview importante et historique, trouver les chansons qui correspondent le mieux aux différentes scènes, c’était le moment le plus agréable et le plus fou. J’ai fait le choix des musiques avec Michael parmi les albums favoris de Kurt. L’instrumentale de REM se trouve dans l’album Automatic for the people : elle montre ce vers quoi Kurt voulait tendre musicalement. Avant sa mort, lui et Michael Stipe discutaient d’un projet musical ensemble. Les chansons seules pourraient aussi raconter l’histoire. Cela commence avec des morceaux de punk rock, puis des choix plus adultes, plus matures, on se tourne vers l’indie rock. La dernière chanson est celle de Marc Lanegan, ami proche de Kurt Cobain.». Pour ce qui est du choix des images, « tout ce que l’on retrouve dans les images a un rapport avec la réalité. Ainsi, la piscine, au début du film, est celle où Kurt a été maître nageur pour enfants. La cabine téléphonique, c’est l’endroit où il se procurait de l’héroïne. Son esprit habite encore ces lieux. La vie continue, et il y a de nouvelles personnes qui nettoient les cheminées de l’hôtel où il travaillait, un nouveau groupe qui fait son premier concert. La vie continue, sans lui, de par son choix. »

Quand à savoir comment l’entourage du musicien a accueilli l’hommage cinématographique, «dans Last Days de Gus Van Sant, le personnage qui incarne Kurt ne fait que marmonner à longueur de temps, il ne s’exprime quasiment jamais. Tandis que le vrai Kurt, les gens qui le connaissaient et qui l’aimaient sont heureux de l’entendre à nouveau parler », explique A.J. « Tout le monde était d’accord. Courtney a une copie du film, mais nous ne savons pas si elle l’a visionné. Cela doit être difficile et éprouvant pour elle. »

Pour finir, Michael Azerrad avoue : « il me reste encore des enregistrements. Il est possible qu’un autre film soit prévu. Vous avez découvert notre secret ! ».

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